• Les congolais sous l’emprise des tapages


     A Kinshasa, les débits de boissons et les églises rivalisent d’ardeur. Se passant des lois du pays qui interdisent les tapages nocturnes, ils balancent souvent de la musique à haute voix et nuisent ainsi à leurs voisins.
     
    A Kinshasa, les débits de boissons et les églises rivalisent d’ardeur. Se passant des lois du pays qui interdisent les tapages nocturnes, ils balancent souvent de la musique à haute voix et nuisent ainsi à leurs voisins. Comme dans la capitale, la situation est la même dans certaines villes des provinces.

    Au quartier Kauka, dans la commune de Kalamu, au croisement des avenues Mpoko et Victoire, l’église « Mission mondiale » et une terrasse érigée en face se livrent à une compétition à partir de 19 heures. C’est à ce moment précis que démarre le culte, alors que la terrasse accueille ses premiers clients. Chaque « camp » utilise des baffles pour se faire entendre.

    Non loin de là, quatre terrasses et une église de réveil se cotaient. Tous ont comme voisin direct un couvent des sœurs catholiques. « Nous ne savons nous concentrer pour prier à cause des bruits qui proviennent des débits de boisson et de l’église », avoue une religieuse debout devant le couvent.

    Les victimes ne sont pas que des religieuses ou des familles voisines. Même le bourgmestre de la commune de Kalamu est perturbé par des bruits qui proviennent d’une église de réveil implantée derrière son bureau. « Malgré des ultimatums demandant au pasteur responsable et à ses fidèles de vider les lieux, ils continuent à organiser leurs programmes, confesse un agent de la commune qui a requis l’anonymat.

    Quartier chaud de Kinshasa, Matonge bat le record de débits de boissons. Sur l’avenue Oshwe, entre le couloir « Madiakoko » et le rond-point du stade Tata Raphaël, on compte au moins une terrasse dans chaque parcelle. Pour distinguer le son de musique dans ce quartier, il faut avoir une oreille bien tendue.

    « Les étudiants et les élèves sont les premières victimes de ces nuisances sonores », avoue Pascal B, habitant du quartier. « En dépit des plaintes adressées aux tenanciers des débits de boissons, fait-il remarquer, la situation n’a pas changé.

    A Bandalungwa et Ngiri-ngiri, la situation est identique. Les églises comme les debits de boissons naissent comme des champignions. Le bourgoumestre est descendu sur terrain la semaine derniére pour fermer certaines églises à Ngiri-Ngiri suites aux plaintes deposées par certains habitants.


    Les clients des buvettes réclament de la musique à tue-tête

    Fief des intellectuels depuis l’époque coloniale, la commune de Lemba n’échappe pas aux tapages. Les grands carrefours de la municipalité (Terminus, Super Lemba...) sont envahis par des terrasses. « Les clients préfèrent boire dans des buvettes où l’on joue la musique à tue-tête. Nous sommes obligés de faire leur volonté. Malgré les bruits produits par nos baffles, nous n’avons pas encore reçu des plaintes de la part de nos voisins », explique un gérant d’une terrasse située en face du shop de Vodacom, à Super Lemba.

    Pour sa part, Djo K, gérant d’une buvette sur l’avenue By Pass, avoue avoir reçu des plaintes de la part de ses voisins. « Nous faisons la sourde oreille pour satisfaire nos clients, admet-il.

    Dans les communes de Masina, N’Djili et Kimbanseke, le nombre des terrasses et des églises de réveil n’étonne plus personne. Au quartier III, dans la commune de Masina, certaines églises sont séparées par des murs mitoyens. « Ici, on ne peut pas dépasser deux parcelles sans retrouver une église, renseigne Regain Kosso, habitant du quartier.

    Tout en sachant que les tapages nocturnes sont interdits, la plupart des églises de réveil organisent leurs cultes dans la soirée ou plus tard. Evangéliste à l’église Piscine de Siloé », antenne de Kingasani ya suka, José , s’explique : « Si nous prions plus la nuit que la journée, c’est parce que notre ennemi, Satan, est actif la nuit. Nous profitons de ce moment, pendant qu’il opère, pour contrecarrer ses actions. Ceux qui affirment que nous perturbons leur sommeil ne comprennent pas la grandeur de Dieu et les oeuvres de Satan ».



    Jean-René Tshiama/Guy Elongo/Mariette Ngelekwa/Anciens du Journal Du citoyen


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